Le charme insolent (des assiettes) d’Akrame.

« Il est libre Akrame », racontait récement le Fooding, et ça m’a drolement énervée parceque j’aurais trop aimé trouver ce titre moi-même. Finalement c’est bien fait pour moi, cela fait déjà un moment que j’aurais du vous en parler d’Akrame. Je trouvais que je n’avais pas assez de photos, en voila une mauvaise raison, alors flûte, tant pis pour le diaporama*, aujourd’hui la Petite Cuisine vous emmène chez Akrame Benallal.

La première fois que j’y suis allée, c’est avec mon meilleur Gillou**, lequel voulait me faire découvrir cette nouvelle table de la rue Lauriston. A l’époque, le web commençait tout juste a frémir au nom d’Akrame; cette table moins commentée que les SeptimeVivantSaturne et autres Rino, faisait pourtant visiblement l’unanimité.

Et comme j’ai pu le constater, ce n’était pas volé.

Akrame propose une cuisine gastronomique inspirée, fine, parfois technique (Akrame a travaillé chez Ferran Adria, rien que ça), toujours gourmande. Les associations sont brillantes (cèleri et chicorée : boumboumbah !), les originalités jamais gratuites.

C’est un parfait mélange de maîtrise et de décontraction; et pour une fois, celle-ci n’est pas de façade. Ainsi, chez Akrame, la cuisine ouverte, ce n’est pas seulement pour faire genre. Le chef regarde ses clients arriver, surveille leur placement, leur parle, parfois leur fait goûter ce qui lui passe entre les mains. Au moment de partir il aura toujours un mot, un clin d’oeil, un commentaire à partager avec un grand sourire. On est loin des restaurants aux cartes adoubées de loin par des chefs dont on ne connait le visage qu’à la télévision, ici nous sommes chez Akrame et pas chez le voisin, d’ailleurs c’est marqué sur la porte.

Une cuisine personnelle et assumée, on aime –  alors qu’est-ce qu’il transmet à ses assiettes Akrame? Plein de choses, mais avant tout de la gaieté, de l’ambition et une grande finesse d’esprit.

Et qu’est-ce qu’on mange ?

Des plats uniques, créés chaque jour en fonction du marché et de l’air du temps. On y retrouve souvent des bouillons, des condiments relevés, des textures élaborées, des cuissons parfaites à la salamandre ou à basse température, des saveurs de végétaux ou de torréfaction. Les dressages sont simples et beaux, la dégustation toujours réjouissante.

On se souvient entre autres :

  • d’un oeuf à peine mollet aux cèpes crus et à la chicorée (rappelant rien de moins que la cuisson de l’oeuf parfait de Passard)
  • de langoustines presque transparentes mais cependant cuites, accompagnées d’un jus d’une formidable sapidité
  • de fines feuilles faites d’épinards crus desséchés (le goût de la prairie dans ta bouche)
  • d’une brillantissime purée de pommes de terre en plusieurs couches (la texture va de l’écrasée grumeleuse à l’espuma presque fluide)
  • d’un délicat bouillon de micro-crevettes au riz grillé/soufflé
  • et de cette fameuse mousse de céleri à la chicorée dont nous il nous arrive de rêver encore la nuit …

On parle donc de grande cuisine, et le Gault & Millau partage visiblement notre avis puisqu’il a nommé Akrame « Grand de demain » pour l’année 2011.

Quand on vous dira que les menus du soir sont à 45 et 65 €, vous aurez compris qu’il s’agit du meilleur rapport qualité-prix de la capitale, alors foncez, et ne manquez pas de lui dire que vous êtes passés par ici avant d’aller chez lui, il nous a dit faire partie des lecteurs de la Petite Cuisine (et on a cru mourir de fierté sur le coup).

Vous voulez en savoir plus : je vous recommande la visite de son site internet. En général, les sites internet des restaurants sont aussi prétentieux qu’inadaptés – et bien celui d’Akrame offre un vrai moment de créativité et de gourmandise. Enjoy !

Akrame Benallal :
19 rue Lauriston, 75016 Paris
Tel : 01 40 67 11 16

*Les photos des plats ont bien été prises par moi, mais je n’avais pas de photo d’Akrame. J’ai donc été chercher celle-ci sur l’excellent blog de Chantal, les assiettes gourmandes – n’hésitez pas à lire son propre compte rendu, elle s’y connait en matière de grands restaurants !

** Mon meilleur Gillou est mon meilleur ami, et il m’emmène parfois manger dans de magnifiques restos dont nous ressortons repus et fort gais. Il dit qu’il fait cela pour me récompenser du bonheur que lui procure ma cuisine, et vous comprendrez donc que je ne sache rien refuser à cet espiègle flatteur.

16 réflexions au sujet de « Le charme insolent (des assiettes) d’Akrame. »

  1. lafrancesa

    La lecture de ton compte-rendu pourrait déclencher un climax chez l’amatrice de sensations palatines neuves, surprenantes et divinement éphèmères que je suis. Je ne commenterai pas le passage de ce chef chez Adrià, ou si : les chefs les plus prometteurs d’aujourd’hui sont tous passés Cala Montjoi un jour (ou chez Passard, ou Gagnaire, ou les trois). Hier je lisais une suggestion de mouron d’oiseaux chez Septime, aujourd’hui on me dit que de l’autre côté de Paris il y a ce jeune chef… et en plus pour un rapport haute qualité-prix qui est plutôt pour me rassurer. Merci

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    1. Claire Auteur de l’article

      Tiens toi au balcon La Francesa : Akrame a travaillé chez Ferran ET chez Gagnaire !! Je te conseille vivement. Je n’ai pas encore été chez Septime, mais j’ai rencontré des gens qui en étaient déçus (pas tous mais certains) – alors que pour le moment, je n’ai croisé que des gens enchantés de leur passage chez Akrame. SI tu y vas t’es obligée de me raconter ok ??

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  2. docadn

    Akrame fait parler de lui depuis « ses débuts » à Tours (L’Atelier d’Akrame) et son « départ surprise » avant d’être enfin localisé dans la capitale…

    Cordialement

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    1. Claire Auteur de l’article

      Je ne suis jamais allée chez Septime en ce qui me concerne, mais je crois que c’est assez différent. Je te recommande chaleureusement Akrame quoi qu’il en soit, et ne manque pas de venir nous dire ce que tu en as pensé !!

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  3. mercotte

    Dommage quand je suis à paris je n’ai jamais le temps de faire de belles tables, à la sortie du TGV je grignote un bout chez Boco avant de vaquer à mes occupations et le soir je suis morte !! en province, heureusement je prends le temps de vivre chez mes jeunes amis chefs pas mal non plus ! mais je regrette parfois c’est sûr !

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    1. Claire

      Faudrait que tu te fasses une petite tournée gourmande alors, il y a plein de choses à découvrir ! Cela dit, il parait que Boco c’est très chouette, j’y suis pas encore allée, c’est plus fort que moi quand je suis dans ce quartier là il faut que je mange Japonais 🙂

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  4. luciole leorat

    Clairette,
    Emballée par ton post, je réserve demain chez ce Monsieur Akrame. Pour ma part je ne suis pas encore allée au Septime (Bertrand Grébaut est un ami d’ami) mais nous adorons le Frenchie, rue du Nil, une des meilleures tables du moment (la fameuse bistronomie!) testée plusieurs fois. Et avons dîné hier soir au Passage 53, dans un joli cadre étonnant, d’une cuisine … je dirais compliquée et prétentieuse bien que très bien maîtrisée, tu connais ? Je t’invite quand à déjeuner au fait ? mille baisers,
    L

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    1. Claire

      Ma Luce, suis contente de te lire ! Frenchie on y va en Janvier avec S & A. Pour le dej, j’attends toujours des dates de shooting qui risquent de bouleverser mon emploi du temps dans les grandes largeurs. Dès que c’est tombé et que j’y vois plus clair je te fais signe. Bises !!

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  5. Bruno

    Préparant une soirée avec ma chérie, je me suis souvenu des articles de cet excellent blog qui autrefois semait des graines d’inspiration dans ma cuisine quotidienne, mais qui aujourd’hui et un peu laissé à l’abandon.
    Bref, souvenir d’un article sur Akrame qui, à sa relecture, m’a donné envie d’essayer.
    C’était excellent. Une soirée parfait.
    Merci pour l’article, et espérant pouvoir en lire d’autres à l’avenir…

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    1. Claire Auteur de l’article

      Merci Bruno, fidèle lecteur dont je me souviens parfaitement 🙂 Effectivement difficile de tenir le rythme car je dois désormais beaucoup écrire pour les magazines dont je m’occupe – mais tu peux retrouver ma plume et de l’inspiration en lisant Fou de Cuisine (le prochain sort le 3 mai, quelle bonne nouvelle !). Contente qu’Akrame t’ait plu, j’y suis retournée récemment et nous avons passé un merveilleux moment, malgré la perte de sa deuxième étoile. De mon côté, promis j’essaye de publier, même un petit peu 🙂

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